& les Chroniques
 Express
Anatoly Grindberg & Mark Spybey
"123 m"

"123 m"
[Ant-Zen]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 27 mai 2019 | Publié le vendredi 13 décembre 2019
ET ALORS | "123 m" (pour 123 mètres) est le disque d’une rencontre : celle du Russe Anatoly Grindberg (Tokee) et de l’Anglais Mark Spybey (Dead Voices On Air) le temps d’un voyage aux confins de la dark ambient, à la lisière de l’expérimental, de l’industriel et de la bande originale de film. Mélange subtil de field recording et de sons triturés pas toujours identifiés, l’ensemble se tient parfaitement et demande une attention toute particulière de la part de l’auditeur s’il veut s’immerger dans un monde fait de cris et de chuchotements, de rayons de lumière pâle et d’errances dans des terrains vagues. Ne venez pas y chercher des ritournelles à fredonner, ici c’est tout un univers parallèle qui vous est offert, parfois terrifiant et souvent très beau, comme la réalisation sonore d’un roman de Clive Barker. D’ailleurs il pourrait s’agir d'être plongé dans l’"Imajica" avec ses métamorphoses constantes et ses multiples allers et retours d’un monde à l’autre, que l’on s'y croirait pour de bon.

Supersimmetria
"Abiogenesis"

"Abiogenesis"
[Hands]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 26 avril 2019 | Publié le jeudi  8 août 2019
ET ALORS | En cinq albums, dont les trois derniers pour le compte du label Hands, Armando Alibrandi continue de parfaire son électro mystique quelque part entre Zero Degree et Kangding Ray, dans un registre d’ambient industrielle cadencée sur des rythmes techno paisibles. Inspiré entre autres par la physique et le mystère qui entoure la naissance des étoiles, le musicien nous livre cette fois sa réflexion sur la création de la vie à partir de matière inerte : l'abiogenèse. Et se pose du même coup en docteur Frankenstein mettant au monde une electronica suturée et bouillonnante. Et c’est peut-être là sa propre définition de l'abiogenèse : permettre à des machines de libérer l'esprit humain, d'y provoquer des émotions et d'y faire naître des images mentales au moyen de couches sonores brodées autour de rythmiques mécaniques et binaires.

Fews
"Into Red"

"Into Red"
[PIAS]
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le lundi 25 mars 2019
ET ALORS | Classé dans le top 10 de l'année 2016 par votre serviteur, le premier album de Fews représentait l'exception de toute une scène post-post-post new-wave qui n'en finit plus de pondre des albums médiocres, à l'instar de Editors ou Interpol, pour citer les plus connus, qui courent en vain après leurs débuts, sans jamais parvenir à retrouver le génie qui les caractérisait alors. Le deuxième album de Fews remplit... presque, les promesses du premier ! Légère déception, mais difficile de dire si elle est liée à l'absence d'effet de surprise ou à la diminution du tempo de deux ou trois titres. C'était en effet là où le groupe était brillant : réussir des morceaux d'une noirceur extrême tout en jouant vite, en toute urgence, en toute tension, dans un registre proche des débuts de Bloc Party. Reste un bon album, idéal pour qui aime se noyer dans les ambiances sombres.
CONNEXE | Bloc Party "Silent Alarm"

Snapped Ankles
"Stunning Luxury"

"Stunning Luxury"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mercredi  6 mars 2019
ET ALORS | Snapped Ankles en est à son deuxième album et est toujours aussi engagé. Le groupe anglais se déclare ouvertement anti-bourgeois, offrant à chacune de ses chansons la possibilité d'illustrer un chapitre d'"Histoire de ta Bêtise", le recommandable essai pamphlétaire de François Bégaudeau. Leur colère est plus manifeste dans leurs paroles que dans leur musique qui évoque une sorte de Devo qui s’acoquinerait aux B 52’s, mais aurait décidé, après une soirée trop arrosée, de se mettre au Krautrock électro tribal. Pour se faire, il se dotent d’une armada d’instruments électroniques bigarrés (notamment des synthés analogiques incrustés dans des bûches !) et stridents qui chahutent les mélodies de manière intempestive (à la frontière de l’horripilant et du cacophonique, quand même). Sautillant, funky et branque, cette électrokraut décoiffera les punks de tous poils et c’est ça qui est bon !

Aleph
"Entropy"

"Entropy"
DATES | Sorti le 21 janvier 2019 | Publié le mardi 19 février 2019
ET ALORS | C’est un EP de six titres envoutés, comme possédés, que vient de publier le Berlinois Armando Alibrandi et son projet Aleph. Sa dark ambient précise et cadrée, qui flirte avec une électro calée sur une rythmique aux allures de métronome, nous entraine vers un chemin moins chaotique que veut bien l’annoncer le titre du disque. Ces compositions électroniques chargées de cordes habilement pincées et de nappes mélancoliques ont été confiées au savoir-faire de Philipp Münch (Synapscape, The Rorschach Garden, Cell Auto Mata) d’ordinaire habitué à plus abrasif, pour un mastering en douceur. Mention spéciale pour les deux versions du titre "Infinite Void" avec les belles vocalises de Dimitra Tripi très proches de celles de Lisa Gerrard, avant de laisser une seconde version de "Arrow of Time" revisitée par Ah Cama Sotz terminer le disque comme il avait commencé, avec un supplément d’angoisse.
CONNEXE | Dark Ambient

Black Tape For A Blue Girl
"To Touch the Milky Way"

"To Touch the Milky Way"
[Projekt]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 26 octobre 2018 | Publié le jeudi 10 janvier 2019
POURQUOI | Black Tape For A Blue Girl
ET ALORS | Passé l'effet de surprise face à cette pochette que l'on a du mal à relier à la voie lactée de son titre, le douzième album de Black Tape for a Blue Girl ravit par la chaleur de ses ambiances mélancoliques et electro-acoustiques. On retrouve cette légère brume sonore, ce voile immatériel caractéristique que Sam Rosenthal cultive à l'aide de son harmonium, notamment sur les deux premiers titres. Le disque nous renvoie à la période glorieuse de l'Heavenly Voices des 90's et prolonge la magie d'une musique que l'on pensait avoir perdu de vue ces dernières années. L'album fait alterner chant féminin et masculin, avec douceur et retenue, et forme avec son prédécesseur "These Fleeting Moments" (2016) le vrai retour que nous attendions.

ASC
"The Outer Limits"

"The Outer Limits"
DATES | Sorti le 30 novembre 2018 | Publié le mardi  8 janvier 2019
ET ALORS | James Clements, qui officie derrière ASC et qui produit des titres au kilomètre -il s'agit ici de son sixième disque cette année-, a clairement la tête dans les étoiles et nous y entraîne sans retenue à travers la plupart de ses disques composés à San Diego où il réside depuis des années. D'apparence tranquille, "The Outer Limits" ne propose pas de course jusqu'aux confins de notre système solaire, mais révèle des changements de rythmes au coeur même des quatre longs titres qui le composent. Nourri à la fois à l'ambient scintillante et à la soft techno, le mélange inédit fonctionne parfaitement sous la forme d'une electronica tout aussi puissante que rêveuse : quel son, quelle profondeur, quelle largeur de  spectre !









